Le Messager by Charles Stevenson Wright

Le Messager by Charles Stevenson Wright

Auteur:Charles Stevenson Wright [Wright, Charles Stevenson]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Tripode
Publié: 2015-03-29T00:00:00+00:00


JE M’OFFRE DU BON TEMPS, ce soir. Je fais la bringue chez les rupins, dans le secteur de la 60e Rue Est. Hôtel particulier. Grand salon. Décor beige, brun et vert. C’est Gros-Père, mon copain de la guerre de Corée, qui m’a amené là. Il y a trois autres types et quatre filles. Tout le monde a moins de quarante ans et les lumières sont tamisées.

Barry, notre hôte, paraît à peu près trente-deux ans. Son visage respirant la santé va bien avec ses pantalons de chez le bon tailleur anglais, avec sa chemise de sport en soie et ses chaussures noires et blanches. Il dirige une maison d’articles de fantaisie qu’il a héritée de son oncle et il joue à la Bourse.

J’étais en train de me verser un nouveau scotch quand Barry a sorti une douzaine de cigarettes de marijuana. Tout le monde se tenait bien, mais les yeux avides ne parvenaient pas à se détacher de la marijuana posée sur la petite table basse.

Gros-Père a tendu la main. Il a cueilli deux cigarettes de chanvre :

— Allons-y, les enfants ! En route pour le paradis.

— Dis donc, t’excite pas, a dit en riant une jolie fille.

Elle était blonde et rose. Elle a récupéré une des cigarettes de Gros-Père.

Le type assis à côté de moi a refusé la marijuana. Il avait le même visage que les drogués pâles et désespérés qui rôdent du côté de la Sixième Avenue après minuit.

— Oh, lui, vous savez bien ce qu’il veut, a gloussé la jolie blonde.

— Boucle-la. Boucle-la, ou je te défonce la gueule.

— Oh, ça va ! a aboyé la fille. Tu es complètement cinglé. Et puis tu deviens vraiment trop imprudent. Combien de fois je t’ai dit de ne pas laisser traîner ta saloperie d’aiguille sous le porte-savon de la salle de bains ?

J’ai regardé Barry. Il rougissait.

— En tout cas, c’est de la bonne merde, ai-je dit.

— De l’herbe qui vient de Panama, p’tite tête, a renchéri Gros-Père.

— Je ne veux pas de cette merde, a dit le drogué pâle d’un ton méprisant.

Il s’est levé. Et Barry l’a guidé vers le premier étage. Un autre type les a suivis très vite. Un type qui n’avait pas ouvert la bouche depuis que j’étais arrivé. Depuis une bonne heure.

Une fille qui avait le genre typique du Village, longue tignasse raide, chemise d’homme et jeans maculés de peinture, s’est précipitée dans les escaliers en hurlant :

— Attendez-moi, bande de morfales dégueulasses ! Vous ne pensez tout de même pas que vous allez garder toutes les friandises pour vous !

À ce moment-là, Jelly Roll a fait son entrée en se pavanant comme un coq orgueilleux. C’est un de nos copains de la guerre de Corée, à Gros-Père et à moi. Un bon gros ours couleur chocolat, toqué de ballets. Ces temps-ci, il gagne sa vie en tenant la batterie dans un orchestre de rock.

Jelly s’est planté au milieu du salon. Il souriait. Ses épaules se haussaient par saccades. Il frottait ses grosses mains l’une



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